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Quand on débute en agriculture, on peut se demander à quoi sert vraiment une pépinière. Pourquoi ne pas semer directement dans le champ ? Et pourquoi certaines cultures peuvent-elles se faire en pépinière alors que d’autres non ?

Ces questions reviennent souvent chez les nouveaux investisseurs agricoles. Pourtant, la pépinière est une étape clé pour garantir le bon démarrage de certaines cultures, surtout en saison sèche ou lorsque les graines sont chères ou fragiles.

Dans cet article, on fait le point sur :

• ce qu’est une pépinière,
• les cultures qui en ont besoin,
• les raisons de passer par cette étape,
• et les erreurs à éviter pour ne pas perdre de temps ni de plants.

Qu’est-ce qu’une pépinière agricole ?

Une pépinière est un espace aménagé pour faire germer et grandir les jeunes plants dans de bonnes conditions, avant de les repiquer dans leur emplacement définitif.

Elle peut être :

• en pleine terre (préparée finement),
• dans des sacs plastiques,
• dans des caissettes en bois,
• ou dans des plaques alvéolées.

De mon côté, j’ai choisi de faire mes pépinières directement dans la terre, sur un sol bien préparé, meuble et enrichi.

L’objectif : protéger les jeunes plants pendant leurs premières semaines, lorsqu’ils sont les plus vulnérables aux maladies, à la chaleur, au vent, aux insectes ou aux arrosages mal faits.

Comme l’explique l’AVSF dans son dossier Mise en place de pépinières pour développer l’agroforesterie , les pépinières sont une étape incontournable pour assurer la production de plants agroforestiers de qualité, en facilitant l’accès aux plants, l’accompagnement des producteurs, et favorisant des transitions agroécologiques durables.

Pourquoi faire une pépinière au lieu de semer directement en pleine terre ?

Voici les principaux avantages d’une pépinière :

✅ 1. Sécuriser la germination

Certaines graines sont sensibles et ne germent bien que dans un environnement contrôlé (sol meuble, arrosage régulier, température stable). En plein champ, elles risquent de ne pas lever du tout.

✅ 2. Réduire les pertes

Une fois les graines semées en pleine terre, elles peuvent être emportées par la pluie, grignotées par les insectes, ou détruites par le soleil. En pépinière, on limite ces risques.

✅ 3. Économiser les semences

Quand les graines coûtent cher (ex : tomates hybrides, poivrons F1), on évite de les gaspiller en les semant n’importe comment dans le champ. En pépinière, chaque graine est précieuse.

✅ 4. Gagner du temps

Pendant que les plants poussent en pépinière, le champ peut être travaillé, amendé, préparé. Cela évite les temps morts dans le calendrier agricole.

✅ 5. Sélectionner les meilleurs plants

Avant le repiquage, on peut choisir les plants les plus vigoureux, ceux qui ont bien poussé, bien formé leurs feuilles, et qui reprendront mieux une fois en terre.

Quelles cultures se font en pépinière ?

Voici les principales cultures qu’on ne sème pas directement en champ, mais qu’on passe d’abord par une pépinière :

Culture	Pourquoi pépinière ?
Tomate	Germination fragile, plant sensible au début
Piment	Levée lente, a besoin de chaleur stable
Poivron	Même famille que le piment, conditions similaires
Aubergine	Plant délicat à ses débuts
Aubergine africaine	Idem, mais adaptée aux climats tropicaux
Chou	Doit être fort au moment du repiquage
Laitue	Germination difficile en chaleur directe
Persil	Germination lente, nécessite de l’humidité régulière
Céleri	Très sensible à la sécheresse et au stress au début
Oignon	Pépinière recommandée en saison sèche pour éviter les pertes

À l’inverse, des cultures comme le gombo, maïs, haricot, arachide, pastèque, concombre sont semées directement en place, car elles lèvent rapidement et tolèrent mieux les conditions du champ.

Elle s’inscrit aussi dans une préparation globale du champ pour optimiser les rendements (voir Préparer son champ avant de semer : pourquoi le désherbage est indispensable en agriculture).

Les conditions pour réussir une bonne pépinière

Une bonne pépinière, ce n’est pas forcément compliqué. Voici les points essentiels à respecter :

📍 1. Emplacement stratégique

À proximité d’un point d’eau

À l’abri du vent fort

Avec une ombre légère ou filtrée (filet, branches, toiture légère)

🌱 2. Substrat adapté

• Sol meuble, bien drainé
• Mélange recommandé : terre fine + compost tamisé + un peu de sable
• Éviter les sols trop lourds ou trop pauvres

💧 3. Arrosage régulier, mais sans excès

Le sol doit rester humide, sans être détrempé

Arrosage doux, idéalement avec un arrosoir à pomme fine ou une bouteille percée

✂️ 4. Éclaircissage et surveillance

• Si les plants sont trop serrés, les éclaircir
• Observer les signes de maladies (fonte des semis, pucerons, moisissures)
• Désherber si nécessaire

Quand repiquer les plants dans le champ ?

En général, on repique lorsque :

• le plant a 4 à 6 feuilles bien formées,
• la tige est robuste,
• les racines tiennent bien dans la main sans casser.

Voici quelques repères indicatifs par culture :

Culture	Âge idéal au repiquage
Tomate	25 à 30 jours
Piment	35 à 40 jours
Poivron	35 à 40 jours
Aubergine	35 à 40 jours
Aubergine africaine	35 à 40 jours
Chou	30 à 35 jours
Oignon	45 à 60 jours
Céleri	40 à 50 jours
Persil	30 à 40 jours

Ces durées sont données à titre indicatif. Elles peuvent varier selon la température, l’humidité, la qualité du sol et les soins apportés.

Comment savoir si un plant est prêt à être repiqué ?

Au lieu de se baser uniquement sur le nombre de jours, il vaut mieux observer le plant lui-même. Voici les signes que le moment est venu :

• Le plant a entre 4 et 6 vraies feuilles, bien vertes et solides.
• La tige est droite, épaisse et tient sans tuteur.
• Le système racinaire est bien formé, sans être enchevêtré.
• Le plant supporte quelques heures de soleil direct sans flétrir (on dit qu’il est endurci).
• Il ne présente ni flétrissement, ni maladie, ni allongement excessif.

🌿 Si tous ces éléments sont là, le repiquage peut se faire en fin de journée ou tôt le matin, pour éviter le stress lié au soleil.

Les erreurs à éviter

Voici les erreurs fréquentes que l’on retrouve souvent sur le terrain :

• Trop arroser : les racines pourrissent ou les champignons se développent.
• Semer trop dense : les plants s’étouffent, poussent mal, deviennent frêles.
• Utiliser un sol pauvre ou compact : la levée est irrégulière ou lente.
• Repiquer trop tôt : le plant n’est pas assez fort, il meurt après mise en terre.
• Laisser les plants trop longtemps en pépinière : ils s’étiolent, deviennent fragiles et prennent mal au repiquage.

Mon conseil pour bien démarrer

Si tu débutes, ne cherche pas la perfection. Commence simple. Utilise des caissettes, des petits sacs noirs ou même un carré de terre bien préparé avec de l’ombre et un bon arrosage. L’important, c’est de comprendre le rôle de la pépinière et de la prendre au sérieux.

Tu verras rapidement la différence entre un champ planté avec des jeunes plants bien formés… et un champ où tout a été semé à la va-vite.

Et toi, est-ce que tu fais déjà des pépinières avant de planter ?

Ou est-ce une étape que tu hésites encore à mettre en place ?